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TRAGEDIE.

J’ai voulu déſunir Cyaxare & Cyrus,
Traverſer leurs projets, les rompre, & rien de plus.

Aryante.

Madame, pardonnez, ſi mon ame ſéduite…

Tomyris.

Je devrois vous punir d’éclairer ma conduite ;
Mais en vain à mes loix vous êtes peu ſoumis ;
Je ne puis m’oublier que vous êtes mon fils.
Oui, malgré vos froideurs, je ſens que je vous aime,
Et je veux vous forcer à le ſentir vous-même.
Je ne voi qu’à regret que l’interêt du rang
Etouffe en votre cœur les tendreſſes du ſang.
Mes deſſeins, quels qu’ils ſoient, vous donnent de l’ombrage.
Hé bien, il faut vous mettre au-deſſus de l’orage.
Tant que vous me craindrez, vous ne m’aimerez pas,
Et les bienfaits ſuſpects ne font que des ingrats.
Pour bannir les ſoupçons dont votre ame eſt remplie,
Je veux qu’avec Mandane un nœud ſacré vous lie.

Aryante.

Avec Mandane ! ô Ciel ! de quoi me flatez-vous ?

Tomyris.

Oui, je vous le promets, vous ſerez ſon époux.
Voyez quelle ſera pour lors votre puiſſance !
Combien d’Etats ſoumis à votre obéiſſance :