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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/259

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TOMYRIS,

Vous ſauveriez Mandane en faveur de Cyrus ;
Mais puiſque tous mes ſoins enfin ſont ſuperflus ;
Sçachez que c’eſt en vain que Mandane inhumaine,
Autant que j’ai d’amour veut m’inſpirer de haine ;
Qu’un ſeul de ſes regards ſuffit pour m’attendrir,
Et que ſi par vos coups je la voyois périr,
Que ſçai-je ? ma fureur… Toute autre que ma Mere
Me payroit de ſon ſang une tête ſi chere.

Tomyris.

Il faut donc t’animer à marcher ſur mes pas.
Oui, je veux en livrant ce que j’aime au trépas,
T’apprendre à te venger d’une beauté cruelle.
Mais ſi le lâche amour dont tu brûles pour elle,
A mes reſſentimens s’obſtine à l’arracher ;
Dans le fond de ton cœur ma main l’ira chercher.



Scène XI.

Aryante, ſeul.


QUel exemple barbare ! Hé, je pourrois le ſuivre !
Ah ! plutôt par ta main que je ceſſe de vivre.
Viens, Mere impitoyable, au gré de ta fureur
Arracher à ton fils & Mandane, & le cœur.
Mais ſuis-je encor ton fils, lorſque de ſang avide,
Tu portes tes horreurs juſques au paricide ?
Quels horribles projets viens-tu de mettre au jour ?