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PREFACE

Au reſte, quelques perſonnes ont pris le change au ſujet de cette vertueuſe Romaine dans la ſixiéme Scene du ſecond Acte, on lui a imputé à ambition une réponſe qu’elle fait à Antoine, la voici :

Quoi ? Céſar m’aſſocie à d’illuſtres ayeux,
Il m’unit à ſon ſang par un choix glorieux !
Il m’adopte, & j’irois l’obliger à reprendre
Tout l’éclat que ſur moi ſa main daigne répandre !
Que n’auroit pas alors l’envie à publier ?

On a cru que ces illuſtres Ayeux, dont elle parle au premier Vers, ſont ceux de Brutus. Hé ! qui ne voit que c’eſt de ceux de Céſar qu’elle parle ? Le terme d’adoption, qu’elle employe au troiſiéme Vers, peut-il laiſſer le moindre doute là-deſſus ? & cette adoption qui la rend fille de Céſar lui permet-elle un autre langage ? Elle fait plus ; elle ajoute qu’Octavien a tranſmis à Céſar tous les droits qu’il avoit lui-même ſur ſon ſort. En faut-il davantage pour la tenir indiſpenſablement dans l’obéiſſance qu’elle doit à ce pere d’adoption ?

Voilà toutes les critiques qui ſont venues à ma connoiſſance. Je ne ſçais ſi le Public ſera content de mes réponſes : mais s’il continue à me condamner après m’avoir entendue, je me ſoumettrai aveuglément à ſes déciſions, & je renoncerai à mes foibles lumieres, pour me conformer à ſon goût.