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DE CESAR.

Et moi, pour profiter d’une heureuſe chaleur :
Le Parthe a juſqu’ici bravé notre valeur,
Leur dis-je, & pour domter le reſte de la terre,
Nous n’avons plus, Romains, qu’à finir cette guerre.
Mais ne nous flattons point, quels que ſoient nos guerriers,
Ils n’en reviendront pas le front ceint de lauriers :
Un oracle, autrefois dicté par la Sibylle,
Nous condamne à ſemer dans un champ infertile,
À moins que nos ſoldats pour y donner la loi,
N’y marchent quelque jour commandés par un Roi :
Sans doute c’eſt Céſar que l’oracle deſigne,
Si quelqu’un doit regner, en eſt-il de plus digne ?
Combien le nom ſacré de la Religion
Impoſé de reſpect & de ſoumiſſion !
Il n’eſt point de Romain, quelque fier qu’il puiſſe être,
Qui ne tienne à bonheur de l’accepter pour Maître ;
Et dès qu’il faut remplir les volontés des Dieux,
Le nom de Liberté diſparoît à leurs yeux.

Octavie.

Que ne doit point Céſar à votre zele extrême,
Et que ne vous doit pas Octavie elle-même ?

Antoine.

Quoique mon zele ait fait, le prix en eſt trop doux,
Et que n’attens-je pas de Céſar & de vous ?
Enfin il m’eſt permis de rompre un long ſilence,
Qui n’a fait à mon cœur que trop de violence :
Céſar ſur l’Univers va regner en ce jour,