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DE CESAR.

Porcie.

Va, ne te pare pas d’une fausse vertu.
Cet éclat imposteur ne m’a que trop déçue :
Helas ! je ne m’en suis que trop tard aperçue.
Mon père en expirant me remit en tes mains :
Je crus aimer en toi le vengeur des Romains.
Quel apas pour un cœur qui n’aimoit que la gloire
Ce cœur sans balancer te ceda la victoire.
Mais n’en triomphe pas, je l’ai déja repris ;
Tu n’es plus à mes yeux qu’un objet de mépris.
Adieu, je me retire, & crains d’être importune,
Tu dois tous tes momens au soins de ta fortune :
Cependant ne crois pas jouir en seureté
De ces tristes grandeurs dont César t’a flaté ;
Crains pour ton cher Tyran quelque revers funeste :
Si Rome perd Brutus, Porcie au moins lui reste.
Je vais prendre ta place, &, bravant le danger,
Tirer Rome des fers, me perdre, ou la venger.
Penses-tu qu’en toi seul tout notre espoir se fonde ?
Je puis à ton défaut trouver qui me seconde :
Il est des Cassius, des Cinnas, des Metels,
Qui peuvent au Tyran porter cent coups mortels.

Brutus.

Ciel !

Porcie.

Je vais les chercher. Tous, amis de món pere,
Ils prêteront leurs bras à ma juste coleoe :
Oui, j’y cours…