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DE CESAR.

Brutus.

Rome n’est pas encor reduite à ce revers ;
Le billet qu’à César en secret j’ai fait rendre,
Le portera sans doute à ne rien entreprendre.

Flavien.

Et s’il poursuit, Seigneur, quel parti prendrez-vous
S’il veut regner.

Brutus.

Ces mots rallument mon couroux.
Je veux bien lui laisser l’autorité suprême :
Mais s’il porte ses vœux jusques au Diadême,
La rage dans le cœur, & le fer à la main,
Je cesse d’être fils, pour n’être que Romain.
Je n’avourai jamais un tyran pour mon pere :
Il doit se rendre ici, je l’attens & j’espere
Que mes avis secrets auront changé son cœur ;
Toi, va de nos amis entretenir l’ardeur,
Assemblés au Senat, même soin les anime.
Leur main prête à fraper n’attend que la victime ;
Cache-leur mes remors ; & sur-tout, Flavien,
Dis-leur qu’en mon absence ils n’entreprennent rien.
César vient, son chagrin paroît sur son visage ;
Fais ce que je te dis sans tarder davantage.