Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/153

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Quelque chose encore, que je vois en eux, les fait vibrer : la beauté, la bonté d’avoir parlé. Oui, cela les a nimbés pendant les quelques instants où ils ne sont pas encore tombés du rêve.

— C’est bon, soupira-t-elle, d’avoir là toutes ces paroles, qui disent exactement ce qui est contre nous.

— S’exprimer, éveiller ce qui est vivant, dit-il, c’est la seule chose qui donne vraiment l’impression de la justice.

Après cette grande parole, ils se turent. Ils étaient, pendant une fraction de temps, aussi rapprochés qu’on peut l’être ici-bas — à cause de l’auguste assentiment à la vérité haute, à la vérité ardue (car il est difficile de comprendre que le bonheur soit à la fois heureux et malheureux). Elle le croyait pourtant, elle, la rebelle, elle, l’incrédule, à qui il avait donné un vrai cœur à toucher.