Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/203

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entière. On n’a jamais mis dans une grande œuvre — les œuvres secondaires n’existent pas — la vérité même, restée jusqu’ici, par l’ignorance ou la timidité des grands écrivains, objet de spéculation métaphysique ou objet de prière. Elle demeure enclose et brouillée dans des traités d’aspect scientifique ou dans de piteux livres saints qui ne s’ajustent qu’au devoir moral, et qui ne seraient pas compris si leur dogme ne s’imposait à quelques-uns pour des raisons surnaturelles. Au théâtre, les littérateurs s’ingénient à trouver des formules de distraction ; dans le livre, ce sont des manières de caricaturistes.

« On n’a jamais mêlé le drame des êtres au drame de tout. Quand donc la vérité profonde et la haute beauté s’uniront-elles enfin ! Il faut qu’elles s’unissent, elles qui, déjà, chacune, unissent les hommes ; car c’est à cause du saisissement d’admiration que passent de purs moments où il n’y a plus de limites ni de patries, et c’est à cause de la vérité une que les aveugles voient, que les pauvres sont frères, et que tous les hommes auront un jour raison. Le livre de poésie et de vérité est la plus grandiose découverte qui reste à faire. »