Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/304

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eu la force de protester. — De l’eau filtrée. — Mais non, on n’a pas si mal mangé que cela ; au contraire, ce dîner me réconcilie avec lui : la sauce fait passer le maître de la maison. — Moi, j’ai trouvé ce dîner excellent ; je le recommencerais bien ! — Il commande ses dîners dans des maisons de tout second ordre et démodées : chez X… Je ne cite pas les noms, si je les connaissais, je passerais pour un ignorant. — Il paraît que l’autre jour, sur le menu, il y avait « Hors-d’œuvre à discrétion ». C’est son fils, le jeune Paul, qui lui a dit : « Ah non, cette fois, papa, c’est trop ! » — En voilà encore un ! Il fait des vers. Poète ! Poète moderne, féroce et arriviste : le luth pour la vie. — On le surnomme aussi, par suite de son originalité : François Copié. — Il commandite des petites revues féministes, pour vierges de vingt ans ou demi-vierges de quarante. — Il paraît qu’il est avec la maigre Mme X . . . — Celle qui joue le Cid avec le lugubre Z… — Le saule pleureur, la sole pleureuse. — Prenez garde ! Elle a bec et angles. — Allons donc ! Elle est très gentille ! elle ne fait de mal à personne.— Au contraire, elle ne fait que les femmes. — D’ailleurs, lui est fort ennuyé de sa liaison. — Parce que c’est une femme du monde ? — Surtout parce que c’est une femme. — Ah oui ! il paraîtrait qu’il est tout à fait avéré qu’il a des mœurs spéciales… Je n’ose pas en parler devant les dames… parce que ça ne les intéresse pas. — Vous savez qu’il écrit pour le théâtre ; il a fait un acte pour le théâtre des Italiens. — Lui, un acte ? Un acte contre nature, oui ! — Il faut être juste, il n’a pas que ces goûts-là…