Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/38

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sombre de mon cœur, par les battements de ma vie, par toutes les ténèbres de mon sang… Ce n’étaient pas mes yeux qui pourchassaient la forme sublime, c’était plutôt mon ombre qui s’accouplait à la sienne.

Un cri m’occupait tout entier : son ventre !

Son ventre ! Que m’importaient son sein, ses jambes ! — Je m’en souciais aussi peu que de sa pensée et de sa figure, déjà abandonnées. C’est son ventre que je voulais et que j’essayais d’atteindre comme le salut.

Mes regards, que mes mains convulsives chargeaient de leur force, mes regards lourds comme de la chair, avaient besoin de son ventre. Toujours, malgré les lois et les robes, le regard mâle se pousse et rampe vers le sexe des femmes comme un reptile vers son trou.

Elle n’était plus, pour moi, que son sexe. Elle n’était plus que la blessure mystérieuse qui s’ouvre comme une bouche, saigne comme un cœur, et vibre comme une lyre. Et d’elle s’exhalait un parfum qui m’emplissait, non plus le parfum artificiel dont sa toilette est imprégnée, le parfum dont elle s’habille, mais l’odeur profonde d’elle, sauvage, vaste, comparable à celle de la mer — l’odeur de sa solitude, de sa chaleur, de son amour, et le secret de ses entrailles.

Les yeux injectés et rouges comme deux bouches pâles, je me pressais vers cette apparition terrible d’attirance. Je devenais farouche dans mon triomphe. Et sa bouche était un long baiser qui passe, et je crispai ma bouche en un long baiser stérile.