Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/102

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Ils croiront que j’attends doucement que tu viennes
Sur la route où je viens ;
Ils croiront que mes mains pensent encore aux tiennes
Et mes regards aux tiens.

Ils ne comprendront pas que nos âmes sont closes
Aux regards du réel.
Ils ne savent pas bien quelle est la mort des choses
Qui pleurent sous le ciel.

Qu’il ne nous est resté que la forme sans sève
Et que l’humble décor,
Que nous n’avons gardé que le rêve du rêve,
Et que le reste dort.

Puisque les libertés dorment de lassitude
Aux cœurs vides de deuil,
Oh ! puissé-je garder la suprême habitude
De révolte et d’orgueil !