Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/239

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Et tu tendras les mains vers le jour épié.
Le soir est inutile à la ville de pierre
Et l’azur dans le ciel semble crucifié.

Entr’ouvrant sur ta lèvre un baiser de prière,
Et redressant un peu ta joie et ta pitié,
Tu sentiras tout seul l’aumône de lumière.

Oh, c’eût été si vague et si bon d’être heureux…
Ils n’auraient presque pas vu changer le soir pâle
Qu’il tombât en silence ou qu’il tombât pour eux.

Voici que doucement ta nuit est triomphale,
Tu te lèves, baigné d’un soleil ténébreux,
Et l’ombre se caresse entre tes doigts d’opale.

Demeure, pâle et dur, dans le silence en chœur,
Si dépouillé, si las, au fond de ta défaite,
Que l’on voit presque à nu là clarté de ton cœur.