Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/202

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chemin. Le nombre de ces tribus, comme nous venons de le dire, fut d’abord fixé à trente-six ; mais depuis lors le nombre n’a pas cessé de s’accroître ; sans cesse on en découvre de nouvelles à mesure que l’on pénètre plus profondément dans la connaissance de l’Inde. Il est évident qu’une fois ce principe de la division des castes admis, la moindre circonstance, tout accidentelle qu’elle ait d’abord été, a pu suffire à donner naissance à une classe nouvelle qui s’est perpétuée. D’après la légende sacrée, les classes ont primitivement été formées pour exercer telle ou telle profession ; mais il est arrivé ensuite que la pratique de telle ou telle autre profession, nécessitée par les progrès de la société, a donné naissance à de nouvelles castes. Aussi le nombre exact de ces castes est donc parfaitement insignifiant en lui-même ; ce qui ne l’est pas, c’est la forme, l’idée même de l’institution, dont le philosophe et l’historien ne sauraient s’abstenir d’admirer l’étrange, l’incompréhensible persistance. Des milliers d’années se sont écoulés depuis leur origine, des révolutions de toute sorte ont désolé l’Inde, elle a été la proie d’un grand nombre de conquérants ; mais le peuple de l’Inde n’en est pas moins demeuré immobile dans les liens de cette classification où l’avaient enchaîné ses premiers législateurs. L’édifice social nous offre le même spectacle qu’il offrit aux soldats d’Alexandre.

La source, en quelque sorte, de la religion de