Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monstres qui la remplissent. » Le roi, touché, prit le poisson et le plaça dans un vase plein d’eau. Mais en une seule nuit le petit poisson avait tellement grandi qu’il ne pouvait plus tenir dans le vase. Il dit au roi : « Je ne saurais me faire à vivre dans ce petit vase, donne-moi un endroit où je puisse habiter à l’aise. » Le roi le plaça dans une citerne, puis dans un étang, puis dans un lac ; et dans tous ces endroits, le poisson ne tardant pas à devenir trop grand pour y rester, demandait une nouvelle demeure. Le roi le mit dans la mer. Le poisson lui dit : « Les requins terribles et les autres monstres marins ne tarderont pas à me dévorer ; tu ne devrais pas, vaillant héros, me laisser dans l’Océan. » Alors le roi lui dit : « Qui es-tu, toi qui m’as trompé sous cette forme empruntée ? Jamais auparavant je n’avais vu un si prodigieux habitant des eaux que tu l’es, toi qui dans une nuit as rempli un lac de cent lieues de circonférence. Sans doute tu es le grand Dieu dont l’habitation est sur les vagues. Salutation et gloire à toi, ô le premier né du monde, le roi de la création, de la conservation, de la destruction ! Tu es le premier objet de mes adorations, ô toi le gouverneur suprême du monde ! Toutes tes apparitions dans ce monde donnent naissance à de nouvelles créatures ; néanmoins je suis curieux de savoir pour quel motif cette forme a été prise par toi. » Le souverain de la création se sentant épris d’amitié pour l’homme pieux, et voulant le sauver de la mer de destruc-