Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/347

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naient à des races fort diverses : les uns étaient mogols, d’autres afghans, d’autres turcs, un très grand nombre persans, et parmi ces derniers le visir lui-même. Aureng-Zeb n’était point disposé à mettre la fidélité de ces derniers à l’épreuve d’une guerre contre leur patrie et leur souverain. Une lettre adressée par le shah de Perse au visir fut interceptée : cette lettre parlait d’une conspiration existant parmi les grands fonctionnaires persans pour se saisir de la personne de l’empereur aussitôt qu’il entrerait en campagne. Aureng-Zeb, à la lecture de cette lettre, fait cerner par ses gardes les maisons des omrahs persans ; ceux-ci reçoivent la défense d’en sortir, sous peine de mort. Mais les chefs persans étaient nombreux et puissants ; le danger les unissait. Les représentants de la noblesse afghane détestaient les Mogols, qui avaient renversé du trône la dynastie des Afghans ; ils étaient disposés à faire cause commune avec les Persans. Le moment était critique pour Aureng-Zeb ; toutefois il était trop familier avec les armes de la ruse et du mensonge pour ne pas les reconnaître aux mains de ses adversaires : il ne fut pas long-temps à se douter que la lettre du shah pouvait bien n’être qu’une ruse, qu’un stratagème. Changeant, aussitôt de conduite, il envoie auprès des principaux omrahs, et sollicite leur présence à la cour. Ceux-ci avaient assemblé leurs amis, fortifié leurs maisons, n’attendaient plus que le moment de recourir aux armes. Mais une des filles de Shah-Jehan, la princesse Jehanara, favorite de son