Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/402

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remplit les cérémonies du culte public ; le maître d’école enseigne aux enfants à lire et à écrire. Il y a aussi le calender brahme, ou astronome, qui annonce les époques favorables ou défavorables pour les semailles ; le forgeron et charpentier, qui confectionne les instruments d’agriculture et bâtit les cabanes ; le potier, le porteur d’eau, le barbier, le gardeur de bétail, le médecin, la danseuse, le musicien et le poëte. C’est sous cette forme de gouvernement que les habitants de la campagne ont vécu de temps immémorial. Les bornes de ces villages ont été rarement altérées, les villages eux-mêmes ont été quelquefois désolés par la guerre, la famine et la peste, mais ils ont conservé leur nom pendant les siècles ; les mêmes familles ont continué d’y faire leur résidence et d’y avoir leurs intérêts. Les habitants ne se mettent point en peine des renversements et des brisements de l’empire ; tant que le village demeure entier, ils ne s’inquiètent point à quel souverain il appartient ; quel que soit ce souverain, l’économie intérieure du village n’en demeure pas moins invariable : quoi qu’il arrive, le potail demeure toujours le chef des habitants, il est à l’abri des révolutions politiques dans ses fonctions de juge, de magistrat, de collecteur du revenu public. Ces villages sont ainsi une sorte de république, immuable base des monarchies chancelantes de l’Orient. Dans la plupart de ces villages il existe même une sorte de communauté des biens et des travaux qui permet