Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous ceux qui se trouvent sur les degrés inférieurs de l’échelle. Les Européens sont frappés de cet excès de courage dont ils sont pour la première fois témoins après de nombreuses campagnes dans l’Inde ; sans cesse ils offrent quartier, on leur répond par l’insulte et la menace. Il était déjà deux heures après-midi, qu’un seul homme n’avait pas encore pu se maintenir sur la muraille. Bussy fait de nouveau sonner la retraite pour donner aux siens quelque repos.

Rangaroo, profitant de ce moment de calme, rassemble ses compagnons et sa famille ; il leur dit que tout espoir de sauver Bobilé est maintenant perdu, que le moment est venu de dérober leurs femmes et leurs enfants aux profanations des Européens ; à l’ignominie plus grande encore d’obéir à un Vizeramrause. Pour cette tâche terrible, il désigne au hasard, comme pouvant également compter sur l’obéissance de tous, quelques guerriers. Ceux-ci, armés de lances et de poignards, une torche à la main, s’avancent vers les habitations qui occupaient le centre de la forteresse ; à l’aide de paille mêlée de bitume, ils y mettent le feu en plusieurs endroits ; bientôt la flamme pétille et s’élance. Des cris affreux se font entendre ; les femmes, les enfants, cherchent à fuir ; mais les exécuteurs des volontés de Rangaroo ont formé le cercle : du poignard, de la lance, de l’épée, ils frappent ou repoussent dans les flammes tout ce qui tente de s’échapper. La jeune femme qui porte un enfant à la