Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/151

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pour lui faire différer l’exécution de ce projet ; son penchant naturel au despotisme s’était accru, de jour en jour, pour l’exercice même du pouvoir. Cette disposition d’esprit lui avait rendu les Anglais insupportables, malgré l’importance et la date récente de leur service ; il parlait souvent de supprimer leurs privilèges, d’attaquer même leurs établissements. Mais un certain Nuncomar, gouverneur de Hoogly, lui traça le plan d’une conduite plus habile ; il lui conseilla de s’acquitter envers eux, comme le meilleur moyen de s’en débarrasser. Nuncomar, un de ces Indous élevés à de hautes fonctions par Aliverdi-Khan, et employé long-temps par Dooloob-Ram, était versé dans tous les détails des finances et de l’administration. Il se fit fort auprès des Anglais de faire acquitter les bons qu’ils avaient sur Meer-Jaffier, et s’acquit ainsi leur appui. Secondant en même temps les projets du nabob contre Dooloob-Ram, il fit avertir les Seats que ce dernier méditait de leur imposer une forte contribution, ce qui les rendit favorables à lui-même. En peu de temps Nuncomar, appuyé sur les Seats et les Anglais, devint encore tout-puissant à la cour du nabob.

Instruit de toutes ces circonstances, Dooloob-Ram ne se sentit pas de force à tenir tête à tant d’ennemis ; il sollicita de Meer-Jaffier la permission de se retirer à Calcutta avec sa famille. Le nabob accorda cette permission, mais à condition que les troupes seraient payées de leur arriéré, avant le départ de Dooloob-Ram. Après cette déci-