Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/153

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qui avait eu lieu entre les deux flottes. Clive publia cette nouvelle avec une pompe, une solennité, et surtout une exagération extrême ; il peignit la flotte française comme dispersée, fuyant de côté et d’autre, ayant eu deux vaisseaux coulés dans le combat, et n’ayant pas pu débarquer les troupes qu’elle devait porter à Pondichéry. Cet engagement, dans la réalité fort insignifiant, eut de la sorte sur l’esprit au nabob la même influence qu’eût pu avoir une victoire complète et décisive.

Le 20 juin, des dépêches de la cour des directeurs, qui instituaient une nouvelle forme de gouvernement, arrivèrent à Calcutta. Jusqu’alors le gouvernement était composé d’un conseil de cinq personnes sous la présidence de Clive. Les nouvelles dépêches substituaient à cet arrangement un conseil de dix personnes, et quatre gouverneurs, qui devaient présider alternativement trois mois chacun : système dont les inconvénients étaient faciles à saisir. L’unité dans le commandement, la promptitude et la fermeté dans les résolutions, s’y trouvaient amoindries, affaiblies, à l’instant même où elles devenaient plus que jamais nécessaires. Chose plus étrange encore, non seulement le vainqueur de Plassy n’était pas au nombre des quatre gouverneurs, mais même aucune place ne lui était assignée dans les nouveaux arrangements. Clive se montra fort offensé d’un tel oubli ; toutefois, dans les circonstances importantes, l’autorité se crée en quelque sorte d’elle-même, la royauté va au plus