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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/376

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propres forces, ne pouvait tirer une seule roupie de Tanjore. D’ailleurs, une campagne contre Tanjore eût été pour la Compagnie une entreprise difficile ; en ce moment aucune troupe n’était disponible ; l’état des finances ne permettait pas de subvenir aux frais d’une semblable expédition ; enfin cette rupture avec le rajah ne pouvait manquer de mettre d’autres ennemis sur les bras des Anglais. Au reste, il y avait encore une meilleure raison que toutes celles-là à l’appui de la conduite de la présidence : l’impossibilité absolue pour le pays de supporter une plus forte exaction. Les 22 lacs furent payés à la Compagnie, qui débita d’autant le compte du nabob.

Les Anglais exerçaient de fait le pouvoir souverain ; la souveraineté du nabob du Carnatique, du subahdar du Deccan, celle de l’empereur lui-même était purement nominale à leur égard. Ils ne s’en montraient pas moins incessamment préoccupés de l’accroissement de leurs avantages déjà obtenus. La présidence de Madras sollicita bientôt avec instance du nabob ce qu’on appelait un jaghire, c’est-à-dire une portion du territoire dont elle-même, par ses propres collecteurs et non par ceux du nabob, toucherait le revenu. Le nabob refusa long-temps ; il alléguait la pénurie de ses propres ressources, la difficulté de se procurer de l’argent, la grande portion de ses revenus déjà abandonnée à la Compagnie, sa renonciation à tout tribut pour les environs de Madras. Mais la situation de la