Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/411

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du pays ; non seulement elle nous mettrait à l’abri des entreprises de tout prince indigène, mais nous rendrait tellement formidables que ni Français, ni Hollandais, ni ennemi quelconque n’oserait songer à nous tourmenter. Vous comprendrez avec moi, je l’espère, qu’après la carrière que nous avons déjà parcourue, les princes de l’Indostan doivent croire nos prétentions absolument illimitées ; nous leur avons donné tant et tant de preuves de nos projets ambitieux, qu’ils ne sauraient nous supposer capables de modération. Le nabob dont nous prendrons le parti ne peut manquer de devenir jaloux de notre pouvoir ou envieux de nos possessions ; l’ambition, la cruauté, l’avarice ne cesseront de conspirer notre ruine ; chaque victoire ne nous donnera qu’une trêve momentanée ; le détrônement d’un nabob sera suivi de l’intronisation d’un autre, lequel, aussitôt que l’état de ses finances lui permettra d’entretenir une armée, ne manquera pas de suivre la même route que son prédécesseur, c’est-à-dire de se brouiller avec nous, etc. Il faut donc que nous-mêmes soyons nabob, au moins de fait, sinon de nom… peut-être même de nom aussi bien que de fait, sans le moindre déguisement. Mais sur ce dernier point je ne saurais prononcer avant mon arrivée au Bengale. » Il était difficile de mieux juger la situation politique de la Compagnie. Le même jour, il écrivait à un de ses agents d’affaires : « Tout ce que j’ai d’argent dans les fonds publics et ailleurs, et tout ce qui pourra