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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/458

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fatalité de son étoile. Dans ce traité de 1763, qui termina la guerre entre la France et l’Angleterre, Salabut-Jung, quoique détrôné depuis un assez long espace de temps, n’en était pas moins appelé (probablement par inadvertance du rédacteur) subahdar du Deccan. Ce titre donné à son frère parut à Nizam-Ali une protestation contre la légitimité de son pouvoir ; et comme ce traité le délivrait, par l’abandon du Carnatique de la part de la France, de la crainte qu’il avait eue jusqu’alors de la restauration du pouvoir des Français dans le Deccan, il fit aussitôt mettre à mort Salabut-Jung. Étrange destinée que celle d’un souverain de l’Inde assassiné par une faute de rédaction d’un copiste de Paris ! Nizam-Ali, ainsi reste sans rival subahdar du Deccan, entra dans le Carnatique en 1765, à la tête d’une nombreuse armée : il pilla, ravagea, incendia tout ce qui se trouvait sur son passage, trouvant en quelque sorte le moyen de surpasser les excès et les cruautés ordinaires des guerres de l’Inde. Les Anglais, et leur nabob Mahomet-Ali, entrèrent aussitôt en campagne. Les deux armées se trouvèrent en présence dans les environs de la pagode de Cripetty. Mais Nizam-Ali ne voulait pas combattre, ou pour mieux dire, il n’était pas en état de le faire, le manque de vivres et surtout d’eau potable décimait son armée : il prit le parti de décamper au plus vite, et fit 40 milles en un jour pour évacuer le Carnatique par la voie de Colastria et de Nelore.