Aller au contenu

Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posé ses chaînes, je me sentais léger, je croyais marcher dans les airs. »

Le reste de la province de Carana ne tarda pas à suivre l’exemple de la capitale. Le général Matthews fut aussitôt mettre le siège devant Ananpore ; la ville fut emportée d’assaut le 14 février, la garnison passée au fil de l’épée, les habitants livrés au pillage. Un sérail composé de quatre cents femmes appartenant à Tippoo ne fut point épargné. Les enfants de ce dernier, qui se trouvaient alors dans la ville, échappèrent au carnage en traversant sur un petit bateau la rivière qui en baigne les murs ; ils demeurèrent la journée entière sur la rive opposée, cachés dans des bois d’aloès et de cocotiers, et de là purent contempler à loisir l’incendie qui dévorait leurs riches demeures, leurs somptueux palais. Par l’aide de quelques bateliers, accompagnés de trois ou quatre femmes, ils parvinrent à se réfugier dans la forteresse de Mangalore. Après avoir soutenu quelques jours de siège, cette ville se rendit aussitôt que la brèche fut devenue praticable ; la ville d’Onore avait ouvert ses portes peu de jours auparavant. Au milieu des succès qui signalaient cette campagne, le désordre et les dissensions les plus violentes ne tardèrent pas à éclater parmi les vainqueurs au sujet du butin. À Bednore, on avait trouvé un trésor ne contenant pas moins de 81 lacs de pagodes, c’est-à-dire 801,000 livres sterling. À côté de ces richesses qu’elle venait de conquérir, l’armée ne s’en trouvait pas moins