Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/136

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crés par les Mysoréens, qui ne font aucun quartier. Par bonheur, l’infanterie demeurée en arrière était commandée par un officier brave et expérimenté ; dès qu’il entendit le bruit du canon et de la mousqueterie, il s’était dirigé de ce côté, et à la vue des troupes de Floyd revenant en désordre, avait pris position sur une hauteur avec ses trois bataillons. Le feu de ces troupes, parfaitement dirigé, arrêta les Mysoréens, et la cavalerie anglaise put se rallier. La blessure de Floyd avait, sans doute, été la cause première de toute cette confusion ; mais, peut-être, fut-elle, à tout prendre, un événement heureux. S’il n’avait pas été contraint de s’arrêter, Floyd, emporté par son ardeur brillante, se serait probablement lancé jusqu’au milieu de l’armée ennemie ; dans ce cas, aucun des siens n’eût probablement regagné le camp anglais. Le lendemain, à l’étonnement général, 250 prisonniers de ce malheureux détachement se présentèrent au camp. Tippoo, après avoir fait panser leurs blessures et donné à chacun une pièce de toile et une roupie, les renvoyait à lord Cornwallis. Cette conduite, fort différente de celle qu’il tenait d’ordinaire, donna naissance à un grand nombre de conjectures. Les uns croyaient y voir la preuve de son désir d’une réconciliation avec les Anglais ; les autres, une ruse pour s’attacher la cavalerie et l’exciter à la désertion. Quoi qu’il en soit, cette affaire et ce traitement des prisonniers lui firent beaucoup d’honneur dans les rangs de l’armée anglaise.