Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/331

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Des armements considérables, exécutés pour la réduction des établissements hollandais et de l’île de Ceylan, avaient achevé d’épuiser les finances de la Compagnie. Enfin, un danger plus menaçant que tous les autres venait de l’influence alors toujours croissante des Français. Le fameux Bussy semblait en quelque sorte s’être multiplié en s’éloignant. Nous avons dit comment, grâce à la souplesse de leur esprit entreprenant, plusieurs Français étaient parvenus à capter la faveur d’un grand nombre de princes indigènes ; Le général de Boigne, puis Perron, chez Scindiah ; Raymond, chez le nizam, se trouvaient alors à la tête de corps européens considérables ; ils introduisaient, en outre, dans leurs armées une discipline propre à les rendre dans la suite redoutables aux Anglais. De fréquentes relations existaient entre Tippoo et l’Île-de-France. Tous ces moyens épars, faibles en eux-mêmes, peu de choses considérés séparément, réunis par une circonstance fortuite, pouvaient devenir formidables aux Anglais, et sans doute le fussent devenus, si l’activité de la France n’eût alors pas été tout entière employée dans sa lutte gigantesque contre l’Europe. L’esprit de Tippoo était et ne pouvait être rempli que de projets de vengeance, par rapport aux Anglais, depuis cette paix de Seringapatam, si cruellement humiliante pour son orgueil.

La paix de Campo-Formio avait laissé à la disposition du Directoire de grandes forces militaires ; le projet de conquérir l’Égypte, déjà proposé, dit-on,