Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/438

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pas en arrière, marchaient confusément la foule des parents. Les deux reines, bien qu’elles eussent déjà distribué des présents considérables, de temps à autre donnaient encore çà et là quelques joyaux, ou seulement quelques feuilles de bétel, reçus comme autant de précieuses reliques. Une affluence innombrable de personnes de toute caste se pressait autour des palanquins. Plusieurs rangs de soldats pouvaient à peine maintenir quelque ordre et protéger le cortège contre les empressements de la multitude.

Arrivées à l’endroit où devait se consommer le sacrifice, les deux reines mirent pied à terre, accomplirent leurs ablutions, et, suivant l’usage, firent plusieurs fois le tour du bûcher. Alors seulement leurs visages trahirent des angoisses jusque là habilement dissimulées. Au dernier tour, elles chancelèrent plusieurs fois. Cependant le roi avait été posé sur le sommet du bûcher, aplati de manière à former une sorte de plate-forme. Les brahmes officiants se placèrent autour de la pile funéraire. Ils prononcèrent plusieurs mantras, jetèrent sur le bûcher quelques gouttes d’eau consacrée et le beurre contenu dans les grands vases de cuivre. Les deux reines se couchèrent à côté du cadavre, l’une à sa droite, l’autre à sa gauche, et le tinrent embrassé en se donnant elles-mêmes les mains. Alors le plus proche parent du roi et son gourou ou confesseur, portant chacun une torche, s’approchèrent du bûcher ; ils y mirent le feu au