Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/447

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la cour avait jusque là portée sur sa tête ; la tenant à deux mains à la hauteur des yeux, au lieu de la poser aussi sur sa tête suivant la pratique des Hollandais, il se dirigea vers la salle d’audience ; deux adigars le tenaient par les bras. Au moment où il entra dans cette salle, plusieurs rideaux, subitement écartés, laissèrent voir le roi sur son trône, à l’extrémité opposée de l’appartement. À cette vue, six nobles les plus rapprochés du trône se prosternèrent la face contre terre ; l’ambassadeur et sa suite s’agenouillèrent. Les nobles, toujours prosternés, soulevaient de temps à autre la tête, puis la laissaient retomber, et de leurs lèvres baisant la poussière, agitant les bras et les jambes par un mouvement analogue à celui qu’on fait en nageant, ils voulaient se montrer comme éblouis, frappés de la vue du monarque. De temps à autre, se soulevant de terre au moyen d’une contraction de la poitrine, et s’agenouillant, on les entendait s’écrier à diverses reprises : « Ô roi des rois, ô souverain du monde ; puisses-tu vivre pendant l’éternité ! La tête du roi des rois s’élève par delà le soleil. Puisse-t-il vivre des centaines de millions d’années ! puisse-t-il remplir le monde de sa splendeur pendant l’éternité ! »

Les cérémonies de l’adoration ainsi terminées, l’ambassadeur, toujours escorté par le premier et le deuxième adigar, s’avança vers le roi. Il tenait la lettre de la manière que nous avons dite. Lorsqu’il fut arrivé au pied du trône, le premier adigar enleva un voile de mousseline qui recouvrait