Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/526

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avant de retomber tout-à-coup dans les ténèbres. Jaloux de montrer ses bonnes dispositions au général Lake, l’empereur se hâta de lui accorder tout ce qu’il pouvait donner, c’est-à-dire un titre aussi vain que l’autorité qui le conférait. Il l’appela « le glaive de l’État, le héros de la terre, le seigneur du temps, le victorieux dans la guerre. »

Tout en restituant à Shah-Alaum le titre, Scindiah avait annulé le pouvoir impérial. Il exerçait la souveraineté la plus absolue ; 9 lacs de roupies avaient été alloués pour l’entretien annuel de la famille impériale ; mais par le fait on n’en employait pas 50,000 à cet usage. L’empereur et sa famille se trouvaient souvent dans un complet dénûment des choses les plus nécessaires à la vie. Ses malheurs, le sentiment de sa cruelle position, lui inspirèrent les stances suivantes. Peut-être n’entendra-t-on pas sans intérêt ce poëte aveugle et couronné, racontant les misères d’un trône dont tant d’autres poëtes se sont plu à célébrer pendant des siècles l’éclat et la magnificence :

« La tempête de l’infortune s’est élevée ; elle a soufflé contre moi et m’a renversé ; ma gloire a été livrée aux vents, et mon trône brisé en poussière. Moi, jadis la lumière des souverains, je suis maintenant plongé dans les ténèbres. Le destin m’a privé de la vue ; mais de cela du moins je le bénis : il me délivre de l’insupportable nécessité de voir sur le trône de mes aïeux un autre que moi-même. Ma condition est celle des saints frères qui furent per-