Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/8

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discours ne dura pas moins de quatre séances. Il s’attacha à donner à la cour une idée de la situation de l’Inde depuis le moment où les marchands anglais y avaient débarqué pour la première fois jusqu’à ce jour. Il raconta les mœurs, les institutions, le gouvernement des peuples de l’Indostan sous leurs princes indigènes, leur situation sous la domination de la Compagnie ; leurs oppressions, leurs souffrances, les spoliations dont ils avaient été victimes sous l’administration de M. Hastings. Il décrivit sous les traits les plus hideux l’avarice, l’avidité, la cruauté de ce dernier ; il dépeignit les traitements subis par les begums et leurs serviteurs de confiance, les extorsions d’argent auxquelles Cheyte-Sing avait été long-temps en butte, auxquelles il n’avait essayé de se dérober que lorsque le fardeau ne pouvait plus se soutenir. Il accusa M. Hastings de la sédition de Benarès, qui l’avait mis lui-même si fort en péril ; il lui fit un crime de la mort de Nuncomar. Il alla jusqu’à se faire l’écho des bruits populaires, bien qu’ils ne fussent pas formulés dans l’accusation, en reprochant à M. Hastings la terrible famine qui avait désolé le Bengale. Il raconta la guerre contre les Rohillas, qu’il peignit chassés de leurs foyers, poursuivis par le fer et la flamme, errants çà et là, sans asile et sans nourriture, dans ces mêmes champs qu’ils avaient long-temps cultivés en paix, et fécondés de leurs sueurs. Il raconta les exactions sans cesse croissantes auxquelles étaient soumis les habitants des campagnes.