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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/71

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assez bon ordre. Enhardi par ce succès, Ameer-Khan fit une tentative pour passer la Jumna et attaquer Calpee ; mais il en fut empêché par le capitaine Jones.

L’armée, sous les ordres du général Lake, atteignit Selimghur le 29 mai. Elle souffrit beaucoup pendant cette marche. Un vent brûlant, après avoir traversé le grand désert de sables, remplissait l’atmosphère d’un souffle embrasé. Les effets en étaient partout terribles, mais surtout à l’ouest de la Jumna, où l’absence de lacs, de rivières et de ruisseaux, ne laissait aucun moyen de contre-balancer sa terrible influence. Il semblait à chacun se trouver tout-à-coup transporté au cœur de l’été, auprès d’une forge enflammée. Dans les habitations, à l’aide d’une exacte clôture, il était possible de se mettre en partie à l’abri ; mais sous des tentes nullement disposées de manière à les protéger, les soldats se trouvaient exposés sans défense à ce terrible fléau. Dans les marches, c’était pis encore ; des jeunes gens le matin pleins de vigueur et d’énergie, tombaient morts en touchant aux lieux de la halte ; d’autres paraissaient comme frappés d’un coup de tonnerre au milieu de la marche. À midi, les rayons du soleil descendaient comme un torrent de feu. Quelques uns atteints tout-à-coup d’une folie subite, chancelaient comme des hommes ivres, l’écume leur venait ai la bouche ; puis on les voyait tomber pour ne plus se relever. Même au campement, les souffrances du soldat ne diminuaient