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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/73

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petit vase de la grandeur d’un verre qui en était rempli, on vit un malheureux Cipaye devenir comme frénétique. Il offrit une roupie, c’est-à-dire tout ce qu’il possédait au monde, au serviteur indou qui en était chargé, pour obtenir la permission d’y porter seulement les lèvres. Celui-ci portait le précieux vase à son maître, qui en ce moment expirait lui-même de soif. Il refusa ; alors le Cipaye ne peut plus résister à son supplice, que la vue de l’eau vient ne rendre plus vif ; il charge à la hâte son fusil, et se fait sauter la cervelle. 300 hommes expièrent ce même jour dans ces affreux tourments.

Le 3 juin, la cavalerie atteignit Karowley. Ce même jour, le vent, après avoir soufflé de l’est depuis le lever du soleil jusqu’à deux heures, sauta tout-à-coup au côté opposé. La plaine se couvrit soudain d’impétueux tourbillons, d’innombrables trombes de vents ; d’immenses colonnes, de sable soulevées par elles touchant de la tête aux nuages, du pied brisant les arbres, frappant de mort les hommes et les animaux qui se trouvaient sur leur passage. Un typhon brûlant s’éleva versant au loin une pluie de sable enflammé. Le soleil se coucha au milieu de nuages couleur de sang. De rapides éclairs sillonnèrent long-temps l’obscurité de la nuit plus épaisse que de coutume. La multitude d’Indous qui accompagnait le camp se coucha sur la terre, s’abandonnant aux larmes, aux gémissements, et ne doutant pas que le dernier jour du