Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/115

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sanglots et ses gémissements réveillèrent les soldats au milieu desquels elle cheminait ; mais, dit un témoin de la scène, « pas un pied ne bougea, pas une voix ne s’éleva pour une femme qui n’avait jamais montré de merci pour les autres. » Elle fut enlevée de son palanquin sur les bords de la Seeprah ; on lui trancha la tête, le corps fut jeté dans la rivière, privé de prières et de funérailles. Elle n’avait pas encore trente ans. Elle était belle, remarquable par le charme et la fascination de ses manières, par la culture de son esprit ; personne ne la surpassait en éloquence entraînante et persuasive. Elle montait à cheval avec beaucoup de grâce, toujours escortée par une troupe de femmes appartenant aux premières familles de ses États. Flétrissant tant de belles qualités par des vices plus nombreux encore, elle n’obtint, au dire du même historien, « ni respect pendant sa vie, ni pitié au moment de sa mort. » Cette même nuit, les chefs du complot, c’est-à-dire de l’armée, liés plus étroitement que jamais par la solidarité de ce meurtre, réunis par le sentiment d’un danger commun, animés par le désir de soutenir la réputation de l’armée de Holkar, se préparèrent à combattre. Ils prirent des dispositions hardies et bien calculées.

De son côté, l’armée anglaise avait pris position à peu de distance de Hernia ; elle occupait le fond d’une petite vallée, ayant derrière elle une rangée de montagnes peu élevées, en avant de la rivière Seeprah ; à droite et à gauche des ravins profonds se