Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/181

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Le fort d’Allahabad, où se trouvait un ancien palais du grand mogol, lui parut le lieu le plus convenable. Le 30 mai 1818, Apa-Saheb fut mis en route et dirigé vers cet endroit avec ses deux ministres. Mais un brahme de sa suite mit ce temps à profit ; il se familiarisa avec les Cipayes de l’escorte ; il répandit de l’argent ; il s’apitoya sur le sort d’un descendant de Sewajee maintenant prisonnier des étrangers aux mêmes lieux où avaient régné ses pères ; il leur montra quelle gloire il y aurait à l’en retirer. La plupart d’entre eux se laissèrent facilement séduire. Un habit complet de Cipaye fut secrètement introduit dans la tente d’Apa-Saheb ; il s’en revêtit et se mêla aux autres gardes. Sous prétexte de satisfaire un besoin naturel, il franchit la limite du camp ; puis s’éloigna sans avoir excité le moindre soupçon. Six Cipayes désertèrent ce même jour pour le rejoindre ; dans le courant de la semaine quelques autres suivirent cet exemple. Une centaine de serviteurs l’avaient accompagné depuis Nagpoor, la plupart ayant un accès illimité auprès de sa personne. Il n’en emmena que dix, afin que tout demeurât, dans sa tente et autour de sa tente, dans le même ordre qu’auparavant. Deux esclaves, dont la fonction consistait à l’éventer pendant son sommeil, continuèrent de remplir cet office devant les coussins de son lit. Le poste de garde auprès de sa personne était relevé à quatre heures après midi. L’officier qui remplaça celui de la veille, entr’ouvrit la tente pour s’assu-