Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/252

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bles de résister aux bordées meurtrières de ce bâtiment, ils s’enfuirent dans tous les sens ; les troupes anglaises débarquèrent et prirent possession de la ville, mais déserte. Dès l’entrée de la flotte dans la rivière, le gouverneur de la place, sachant l’impossibilité de la défendre, assembla les habitants et les força d’en sortir ; il les fit conduire sous forte escorte dans les jungles du voisinage. Chez les Birmans, comme chez certaines nations européennes, toute la population mâle, classée en bans et arrière-bans, est à la disposition du gouverneur en temps de guerre. Les femmes et les enfants deviennent dès lors autant d’otages qui doivent répondre de la bonne conduite des hommes et de leur présence sous les drapeaux. Cette mesure fit éprouver à l’armée anglaise de grands embarras au milieu de son triomphe. Au moment où la mauvaise saison commençait, elle se trouva dépourvue de moyens de transports, soit par terre, soit par eau ; elle n’avait d’autre ressource qu’une longue résidence dans la ville de Rangoon, sans autres vivres que ceux qui lui étaient procurés par des détachements qui fouillaient le pays avec beaucoup de peines et de fatigues ; encore ces vivres se bornaient-ils à quelque peu de riz recueilli çà et là dans des huttes abandonnées. Les chefs birmans avaient trouvé le moyen de faire détruire ou d’enlever tout ce qui pourrait être de quelque utilité à une armée envahissante.

Les Anglais s’étonnèrent bientôt de ne ren-