Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/291

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fité avec empressement de cette occasion de s’emparer de Merguy et de Tavoy ; mais l’invasion de ces provinces par une puissance européenne les privait de toute espérance d’acquisition nouvelle de ce côté. Le voisinage de cette puissance ne pouvait manquer de leur être nuisible ; il aurait mis un terme à certaines courses annuelles, dans lesquelles ils enlevaient grand nombre de cultivateurs de ces provinces, trop éloignées du centre du gouvernement pour en être protégées. La cour d’Ava sut mettre ces dispositions à profit. Elle éveilla habilement les frayeurs du roi de Siam, en lui représentant l’expédition anglaise comme le prélude d’une invasion de la presqu’île entière. Elle le sollicitait de joindre ses forces à celles des Birmans contre l’ennemi commun. Mais les Siamois s’étaient résolus à un parti plus pacifique. Ils craignaient, comme nous venons de le dire, l’établissement des Anglais sur les côtes de Tenasserim. Jusqu’au dernier moment ils ne crurent pas au succès de ces derniers. D’un autre côté, la situation de leur capitale sur le bord de la mer leur rendait éminemment redoutable toute guerre avec une puissance maritime. Influencée en sens divers par ces intérêts contraires, la cour de Siam chercha à se tenir également dans de bons termes avec l’une et l’autre des parties belligérantes, sans jamais se compromettre à l’égard de l’une des deux. Le roi de Siam fit en même temps un grand déploiement de préparatifs de guerre ; il voulait se mettre en