Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/327

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de bohémiens égarés au milieu de cette vaste plaine. C’était pourtant une armée destinée à traverser un espace de six cents milles, pour aller menacer un monarque tout-puissant au sein de sa capitale.

Le 14, au son du tambour, à cinq heures du matin, la petite troupe prit ses rangs, paraissant animée du meilleur esprit. La route continuait à passer à travers le jungle, traversant occasionnellement des terrains couverts de riz, mais dénués de maisons et d’habitants. Le petit nombre de villages qui se trouvaient sur cette route avait été détruit par les chefs birmans ; les habitants s’étaient enfuis dans les bois ; le chien sauvage et le tigre, seuls échappés à la persécution, erraient alors çà et là dans la pleine possession du bois et des plaines fertiles. Le corps d’armée, après une marche de huit milles, campa dans la plaine de Mhingladoon ; après avoir fait cinq milles la veille, il arriva à Carianghoon, n’en ayant fait que quatre ce jour-là. On trouva ce village habité par des paysans d’une tribu de Carians, race complétement distincte des Birmans. Ces Carians, aborigènes du sol, habitent des villages écartés les uns des autres, et se livrent à l’agriculture ; paisibles de caractère et d’habitudes dans le cours ordinaire de leur vie, ils demeurent simples spectateurs des querelles qui divisent leurs voisins. Ceux-ci, comme d’un commun accord, ne les contraignent jamais de prendre les armes en leur faveur : seulement ils les obligent