Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/334

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glais tentèrent, tous les autres moyens dont ils purent s’aviser pour les engager à rentrer en ville ; tous échouèrent devant la crainte de leurs chefs. On les vit considérer quelques instants avec l’attitude de la douleur, leurs maisons, leurs propriétés, puis leur tourner le dos pour s’acheminer vers une vaste forêt qui se trouvait à quelques milles de là. Ils ne tardèrent pas à disparaître : seulement on en voyait de temps à autre quelques uns apparaître encore de nouveau, comme pour donner un dernier regard à la patrie qu’ils quittaient. Le corps d’armée séjourna dans ce lieu pendant quelques jours ; pas un coup de fusil ne fut entendu pendant ce temps-là. Sur ces entrefaites, Bandoolach avait opéré sa retraite de Donoobew : suivant les uns, il avait marché dans la direction de Bassein, suivant d’autres, il s’était jeté dans les montagnes d’Arracan ; nulle part, au dire des uns et des autres, il n’avait attendu l’arrivée des troupes anglaises. La distance de Sarrawah à Donoobew, en ligne directe, peut être de trente milles. À Sarrawah le corps d’armée, dans une position fort avantageuse, se trouvait à même de couper aux ennemis toute retraite par eau, et de les empêcher de se rallier sur le rivage. À la vérité, il fallait pour cela passer la rivière, ce qui n’était nullement aisé ; à peine pouvait-on disposer pour cette opération d’une demi-douzaine de mauvais canots rassemblés des villages voisins ; le passage, avec de semblables moyens, ne pouvait demander moins d’une se-