Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/413

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giment y arriva l’arrière-garde de l’ennemi évacuait la dernière palissade ; il le suivit quelque temps et lui fit quelques prisonniers. La vue de l’intérieur de la forteresse montrait que les ravages du choléra avaient été plus considérables encore parmi les Birmans que dans les rangs anglais : on ne voyait à chaque pas que des fosses récemment creusées ; les huttes étaient remplies de morts et de mourants entassés pêle-mêle ; quelques uns, à l’arrivée des Anglais, rendirent le dernier soupir ; à côté d’eux se trouvaient des cadavres en pourriture depuis plusieurs jours. Des vautours affamés, dont les cris sinistres ajoutaient à l’horreur de la scène, couvraient les rives du fleuve et les jungles voisins. Çà et là, quelques chiens fidèles demeuraient, tristes et pensifs, auprès de la tombe récemment fermée sur leurs maîtres ; d’autres, privés de la main qui les nourrissait, disputaient aux vautours les cadavres dont la chair corrompue devait leur devenir mortelle. Comme si toutes ces horreurs ne suffisaient pas, plusieurs gibets étaient élevés dans l’intérieur des retranchements : chacun portait les membres et les débris de plusieurs soldats exécutés récemment ; les uns pour avoir quitté un moment leur poste afin d’essayer de satisfaire à la faim qui les dévorait ; les autres pour avoir imité l’exemple de leurs chefs et fui devant l’ennemi. Pressée de s’éloigner de ce champ de mort et de ce spectacle terrible, l’armée continua sa marche ; mais pendant quinze milles le long de la rivière, puis