Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/418

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ligne ; les commissaires des deux parties abordèrent en même temps, de côté opposé, le lieu de la conférence. Le khe-woonghee, plusieurs des chefs birmans ayant déjà paru à Neoungbenzeick et quelques autres accompagnèrent l’envoyé royal Kolein-Menghie. Toute la contenance de ce dernier personnage exprimait l’habitude de la ruse et de la dissimulation. Au premier abord il semblait un homme de soixante-dix ans ; pourtant la vivacité de ses yeux et de ses gestes forçait à rabattre de ce calcul : il n’en comptait guère, en effet, que cinquante à cinquante-cinq. Un costume de velours, couvert de broderies, dissimulait mal, en dépit de sa richesse, les manières et la contenance vulgaire de celui qui le portait. Le kee-woonghee, l’ancien négociateur de Neoungbenzeick, triste et soucieux, gardait le silence ; sans doute il comparait, à part lui, l’état ou se trouvaient alors les affaires, à celui du moment actuel. Arrivé dans le bateau, Kolein-Menghie fut quelques instants sans pouvoir articuler un mot, tant il avait la bouche pleine de bétel ; à la fin la conférence commença. Les différents articles d’un arrangement proposé par les commissaires anglais furent tour-à-tour examinés et discutés par les chefs birmans. La demande d’un crore de roupies (un million de livres sterling) fut celle qui les révolta davantage. Kolein-Menghie dit : « La dépense de la guerre ne peut pas être tout entière d’un seul côté ; nous aussi nous ayons dépensé des sommes immenses ; en ce moment notre trésor est