Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/452

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celle du Bengale, tout en lui imposant des formes d’administration moins coûteuses. La cour des directeurs, par un singulier hasard, adoptait au même moment la même idée. L’île fut annexée au Bengale.

Lord William dès son arrivée dans l’Inde, s’était occupé de l’abolition des suttee : c’est le nom du sacrifice de la veuve indoue qui monte toute vivante sur le bûcher de son époux. Depuis long-temps la cour des directeurs, obéissant en cela aux impulsions de l’opinion publique en Europe, songeait à abolir cette coutume. Quelques années précédemment elle avait consulté le gouvernement du Bengale sur la possibilité de cette abolition. Ce gouvernement recula devant les dangers, les inconvénients de toute nature que pourrait présenter la mise à exécution de cette mesure. Les Anglais, on le sait, s’étaient fait un devoir de n’intervenir en aucune façon dans les opinions, les pratiques religieuses des Indous. C’était en effet le seul moyen de parvenir, comme ils le faisaient, à gouverner, à l’extrémité du monde, des millions d’hommes, de mœurs et de croyances différentes des leurs, à l’aide de quelques milliers d’employés européens. Toutefois, dans cette circonstance, l’humanité faisait une sorte de devoir de se mettre en opposition avec la raison d’État ; lord William le comprit, et dès son arrivée dans l’Inde, se mit en recherche des moyens de parvenir à l’abolition de cette coutume. Il se consulta, dans le secret du cabinet, avec les em-