Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nombre épars sur une grande surface. Toutes ces circonstances donnèrent à l’épidémie, aussitôt qu’elle éclata, une force qu’on ne lui avait jamais vue. En moins de huit jours le camp ne fut plus qu’un vaste hôpital. D’après les calculs les plus modérés, un dixième de l’armée succomba. Européens et indigènes, soldats et marchands souffraient également ; cependant la multitude qui suivait le camp, étant en général plus mal habillée et plus mal nourrie, souffrit davantage. On remarqua que chez les Européens les cas de maladie étaient plus rares que chez les indigènes, en revanche plus souvent mortels. En général, la mort arrivait au bout de quelques heures de souffrances. Le 10 novembre, lord Hastings se mit en marche pour aller gagner des lieux plus sains. Il se dirigea à l’est, avec le projet d’atteindre Betwa, contrée assez élevée et réputée tout-à-fait salubre. Pendant cette marche, ce fut un triste spectacle que celui de l’armée ; elle s’avançait péniblement, lentement, en une immense colonne, laissant derrière elle une longue traînée de morts, de mourants et de malades. Les moyens de transport se trouvaient tout-à-fait insuffisants. Un homme se sentait-il atteint par la maladie, il s’efforçait de continuer sa route ; ses camarades essayaient de le soutenir quelques instants encore, puis l’asseyaient sur le bord de la route, d’où le malheureux ne devait plus se relever. Ceux qu’épargnait la maladie, frappés moralement, se montraient dénués de toute énergie contre la fatigue ou le danger. Cette armée naguère si