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Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/113

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J’avoue que je n’ai jamais compris ce que la Faculté de Théologie a voulu censurer dans ces propositions. Car, d’un côté, la Religion chrétienne n’a jamais été chargée de défendre les mœurs et les manières de penser des Romains idolâtres ; et, d’un autre côté, il ne m’est pas défendu (après le témoignage des médecins anglois : que l’action de ceux qui se tuent eux-mêmes en Angleterre est l’effet d’une maladie physique et d’une démence indépendante du dérèglement des passions) de raisonner sur ceux qui ont cette maladie, comme on raisonne, en France, sur les frénétiques qui se jettent par la fenêtre.

L’auteur des Nouvelles ecclésiastiques m’avoit déjà objecté cela. Je lui ai répondu page 55.


XIe Proposition.

« La Vertu n’est point le Principe du Gouvernement monarchique. — L’État subsiste indépendamment de l’amour, de la patrie, du désir de la vraie gloire, du renoncement à soi-même, du sacrifice de ses plus chers intérêts ct de toutes ces vertus héroïques que nous trouvons dans les Anciens, et dont nous avons seulement entendu parler. — Les loix y tiennent la place de toutes ces vertus dont on n’a aucun besoin ; l’État vous en dispense…[1] ».

« L’Honneur, c’est-à-dire le préjugé de chaque personne et de chaque condition, prend la place de la Vertu et la représente partout ; … — Ainsi, dans les monarchies bien réglées, tout le monde sera à peu près bon citoyen, et on trouvera rarement quelqu’un qui soit homme de bien : car, pour être homme de bien, il faut avoir intention de l’être[2]. »

Réponse et Explication.

Ce que j’ai appelé la Vertu dans la République est l’amour de la patrie, c’est-à-dire l’amour de l’égalité. Ce n’est point une vertu morale ni une vertu chrétienne ; c’est la Vertu politique »

  1. Tome Ier, page 44 ; chap, v, liv, III.
  2. Liv. III, chap. vi. Page 47.