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Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/51

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Prince ». Celle note nous révèle que, vers 1748, Montesquieu songeait encore à reprendre le traité où il combattait les doctrines de Machiavel. On en possède des morceaux notables, que les Bibliophiles de Guyenne ont imprimés naguère[1].

Nous donnerons à la suite de cette étude le texte des. chapitres exclus de l’Esprit des Lois et réservés pour des dissertations à faire.

La seconde partie du rejet a paru déjà dans le premier tome des Pensées et Fragments inédits.

On y trouve bien des pages et des paragraphes remarquables, qui sembleraient devoir figurer avantageusement dans le chef-d’œuvre pour lequel ils furent rédigés. Nous n’imaginons pas les raisons qui ont fait distraire tel jugement historique, ni telle observation profonde sur le Droit. Pourquoi n’avoir pas aussi laissé en tête des livres XXVII et XXVIII les préambules qui en indiquaient clairement l’objet général ? Enfin, nous ne saurions approuver, tout en le respectant, le sentiment de pudeur excessive qui, sans doute, a poussé le grand homme à retrancher de sa préface cette effusion personnelle. et suprême qui l’aurait si éloquemment terminée :

« J’avais conçu le dessein de donner plus d’étendue et plus de profondeur à quelques endroits de cet ouvrage ; j’en suis devenu incapable. Mes lectures ont affaibli mes yeux, et il me semble que ce qui me reste encore de lumière n’est que l’aurore du jour où ils se fermeront pour jamais.

» Je touche presque au moment où je dois commencer et finir, au moment qui dévoile et dérobe tout, au mo ment mêlé d’amertume et de joie, au moment où je perdrai jusqu’à mes faiblesses mêmes.

  1. Pensées et Fragments inédits de Montesquieu, t. Ier. p. 417 à p. 441.