Des neuf chapitres qui suivent, le dernier se trouve dans une sorte de cahier sur lequel est écrit : « Livre 28. — Théorie de quelques Loix françaises. »
Les huit autres sont assemblés dans une chemise, avec cette mention :
« Tout ce qui est sous cette enveloppe forme des matériaux très propres pour des dissertations, étant composés de chapitres qui n’ont pu entrer dans mon livre des Loix. »
Il se maintient lorsque de certaines circonstances tirées du climat, ou de la religion, ou de la situation, ou du génie du peuple, le forcent à suivre quelque ordre et à souffrir quelque règle. Ces choses étrangères forcent sa nature, sans la changer. C’est ainsi que les bêtes féroces s’apaisent et ne s’apprivoisent jamais. *
Sa principale façon de se maintenir est de devenir plus cruel que lui-même[2], de s’exciter dans sa barbarie, et, dans la soif et la faim, de se couvrir de sang pour ne pas se dévorer lui-même.
Si l’on compare les états despotiques entre eux, on verra que celui-là se soutient mieux qui, raffinant, pour ainsi dire, sa cruauté, trouve le secret de la rendre excessive et de donner de nouveaux fondemens à l’État, en multipliant les injures qu’il fait à la Nature humaine.
- ↑ Ce titre et l’alinéa suivant sont biffés dans le manuscrit. Nous les reproduisons pour que le reste soit intelligible. Ils sont précédés de l’indication, également biffée : « Chapitre 23 ». Montesquieu a substitué un titre nouveau au titre primitif. Sur la couverture qui enveloppe le chapitre, on lit : « Chapitre 9. — Comment les mauvaises Loix en demandent encore d’autres plus mauvaises pour arrêter leur Effet. » En outre, on lit dans la marge : « Comparaison des Mogols et des Japonois. »
- ↑ En marge : « Oter tout le reste, qui est mis à la fin du livre sixième. » — Cf. Esprit des Lois, liv. VIII, chap. x.