Page:Barckhausen - Montesquieu, ses idées et ses œuvres, 1907.djvu/208

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CONSfDÉRATIONS SUR LA GRANDEUR DES ROMAINS. 203 finirent par ne reconnaître que l’autorité de leurs capi- taines, dont le pouvoir était conféré à.des ambitieux sans scrupules par une plèbe qui n’était plus romaine que de nom (chapitre ix). Ne poursuivons pas davantage cette analyse. Dans la seconde partie du livre on voit tomber, une à une, les pierres du « pompeux )) édiHce que les légions et le Sénat avaient construit au prix de tant d’efforts et de constance. Si Montesquieu déplorait les conquêtes de Rome au point de vue des vainqueurs, il les condamnait plus sévèrement encore au point de vue des vaincus. Elles furent, à son avis (nous l’avons rappelé plus haut) « fatales à l’Univers ». Dans le tome III de ses ~e~’ee.s’ (manuscrites) se trouve un curieux fragment où il développe ainsi son opinion « ~)M ~Mper&e OMM’a~e des Romains. Si l’on pouvait douter des malheurs qu’une grande conquête apporte après soi, il n’y aurait qu’à lire l’histoire des Romains. Les Romains ont tiré le Monde de l’état le plus floris- sant où il pût être ; ils ont détruit les plus beaux éta- blissements, pour en former un seul, qui ne pouvait se soutenir ; ils ont éteint la liberté de l’Univers et abusé, ensuite, de la leur, affaibli le Monde entier, comme usurpateurs et comme dépouillés, comme tyrans et comme esclaves ». Bien entendu, les apologistes du régime impérial ne souscrivent point à cette sentence. Us se plaisent à célébrer « la paix romaine H et à glorifier un gouverne- ment qui dota de routes, d’aqueducs, de basiliques, de temples et de théâtres, des contrées aujourd’hui plus 1. Pensées, L Ill, f° Sa.