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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

mann qui, elle, travailla la fugue et le contrepoint, ne serait vraiment pas superflue.

Que sera, dans l’avenir, la femme compositeur ? On n’ose répondre, depuis trop peu de temps les femmes s’orientent sérieusement vers la composition musicale pour en avoir pénétré tous les secrets. En dehors de l’atavisme direct entre parents, il existe un atavisme général, moins défini, bien plus atténué, mais certain. En ce qui concerne les musiciennes, je crois qu’il faut, échelonnées, plusieurs vies consacrées à une sorte d’incubation, pour permettre ensuite à notre esprit d’élaborer toutes les beautés de la musique — en admettant qu’elles nous soient complètement assimilables ! — Sans doute il y aurait témérité à réclamer aux temps futurs une Bach ou une Berlioz ; mais grâce à de fructueux exemples, grâce à l’approfondissement des multiples ressources de la science harmonique, grâce au travail patient, sévère, et plus encore peut-être à l’éducation ferme et disciplinée de la pensée, on peut espérer d’heureuses métamorphoses parmi les musiciennes aspirant à cribler de petits points noirs le papier à musique.

J’imagine qu’une école féministe pourrait éclore ; je l’imagine d’un genre particulier par la délicatesse, le charme, l’imprévu ; un peu capricieuse mais très captivante et poétique, de style spirituel et pur avec d’infinis raffinements de forme, ou, au contraire, de forme purement simple, pour des inspirations mélodiques un peu abstraites. Un peu Mozart, un peu Chopin, un peu Debussy, comme esprit, âme et corps, le tout absolument original, sincère et sincèrement attachant.