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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

qui ne pensent qu’en parlant ; évidemment Holmès poète inspirait Holmès musicienne. À défaut d’un libretto, elle s’appuya sur un canevas en prose, mais les broderies sonores ne le recouvrent que bien imparfaitement et pauvrement.

Comme Irlande, Pologne ne dépasse pas les proportions d’un premier temps de symphonie, mais se divise en divers mouvements : Introduction pompeuse, Allegro, Adagio et Allegro final, le tout s’enchaînant sans interruption ; ce morceau accuse durement la plus mauvaise manière d’Holmès : indigence harmonique, négligence de goût, banalité dans la construction, abus du gros effet.

Irlande ne vaut guère mieux : ce poème symphonique dénote également une âme plus sensible aux malheurs des nations opprimées qu’aux délicatesses musicales, aussi indignée envers l’oppresseur qu’indulgente pour la façon d’exprimer son indignation, et soucieuse d’orienter l’auditeur vers ces louables sentiments, plus que de le satisfaire par une audition conforme aux lois de l’esthétique. Un cor évoque la méditation d’un pâtre ; ses souvenirs, d’abord mélancoliques, s’animent bientôt et le rapportent à un passé d’allégresse et d’insouciance, symbolisé par une gigue si vulgaire, qu’on se réjouit de voir succéder à cette gaîté de mauvaise compagnie une marche funèbre. Cette marche, appropriée au deuil de la cousine pauvre de l’Angleterre, est intéressante comme rythme et développement ; c’est la seule page de valeur, car l’allegro, annonçant ensuite la révolte du peuple asservi,