Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/36

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Sous les verts marronniers et les peupliers blancs,
    Je t’agaçais le soir en détours nonchalants.
    Ah ! j’étais jeune alors et nymphe, et les dryades
    Entr’ouvraient pour me voir l’écorce des bouleaux,
    Et les pleurs qui coulaient durant nos promenades
    Tombaient, purs comme l’or, dans le cristal des eaux.

Il rapportait de ses promenades des pièces de vers qu’il n’a pas admises dans ses recueils, avec raison, parce qu’on y sentait trop l’imitation, mais qui sont précieuses pour le biographe à cause de leur extrême diversité. Elles sont d’un débutant qui cherche sa voie, et n’est pas irrésistiblement entraîné d’un côté plutôt que de l’autre. Une lecture d’André Chénier lui inspira une élégie :

    Il vint sous les figuiers une vierge d’Athènes,
    Douce et blanche, puiser l’eau pure des fontaines….

Une réunion du Cénacle fit naître une ballade. Musset écrivit ensuite un drame à la Victor Hugo. On y lisait :

    Homme portant un casque en vaut deux à chapeau,
    Quatre portant bonnet, douze portant perruque,
    Et vingt-quatre portant tonsure sur la nuque.

Une autre ballade, intitulée le Rêve et annonçant par son rythme la Ballade à la lune, fut imprimée, grâce à Paul Foucher, dans une feuille de chou de province. Elle débutait ainsi :

    La corde nue et maigre
    Grelottant sous le froid
          Beffroi,