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une adresse qui, le 25 avril 1790, fut présentée à cette Assemblée par la Commune de Paris, dont il faisait partie, pour demander la réforme de cette loi comme étant contraire au principe de l’égalité naturelle des citoyens et livrant le droit de suffrage à l’arbitraire des répartitions de l’impôt. Il était déjà loin alors du principe physiocratique, admis par Turgot, d’après lequel le droit de cité devait appartenir exclusivement aux propriétaires du sol et que lui-même admettait encore l’année précédente, avant la réunion des États-généraux, quand il disait (Idées sur le despotisme, p. 167) que, « le droit d’égalité n’est pas blessé si les propriétaires seuls jouissent du droit de cité, parce que eux seuls possèdent le territoire et que leur consentement seul donne le droit d’y habiter ».

On voit par cet exemple avec quelle rapidité le mouvement démocratique qui emportait les esprits, modifiait les idées.

Une des plus heureuses réformes entreprises par l’Assemblée nationale fut celle des poids et mesures. Condorcet coopéra, en qualité de membre et secrétaire de l’Académie des sciences, à cette importante réforme qui avait pour but d’établir l’uniformité des poids et mesures et de leur donner pour base une unité naturelle. Dans un discours, prononcé devant l’Assemblée, le 12 juin 1790, il la remercia d’avoir voulu associer l’Académie des sciences à ses travaux, en même temps qu’il la félicite de tout ce qu’elle a déjà fait pour le bien de la patrie et les progrès de l’espèce humaine. À la date du 11 novembre 1790, il adresse au président de l’Assemblée nationale une lettre, où il l’informait de ce que l’Académie a fait pour répondre au décret rendu le 8 mai au sujet de cette