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QUINZIÈME LEÇON.

stante doctrine. Voyez son opuscule intitulé : La voix du sage et du peuple, écrit en 1750, dans le temps des querelles pour la bulle ; il y exprime la même opinion. Voltaire a raison de soutenir qu’il ne doit pas y avoir deux puissances dans un État, et que par conséquent l’Église ne doit point former un État dans l’État ; il a raison aussi de dire qu’on abuse delà distinction entre puissance spirituelle et puissance temporelle : cette distinction a sans doute ses périls auxquels il faut bien prendre garde dans l’intérêt même de la liberté ; mais Voltaire va beaucoup trop loin en posant ce principe, que le prince ou l’État doit être le maître absolu de tous les règlements ecclésiastiques.

« Cette raison nous enseigne que le prince doit être maître absolu de toute police ecclésiastique, sans aucune restriction, puisque cette police ecclésiastique est mie partie du gouvernement ; et, de même que le père de famille prescrit au précepteur de ses enfants les heures du travail, le genre des études, etc., de même le prince peut prescrire à tous les ecclésiastiques, sans exception, tout ce qui a le moindre rapport à l’ordre public. »

Dans l’article du Droit canonique du Dictionnaire philosophique, il dit encore plus explicitement :

« Il est de toute évidence que, dans une religion, dont Dieu est représenté comme l’auteur, les fonctions des mi-